Si l'on peut considérer qu'actuellement l'hystérie n'existe plus dans le D.S.M., on n'en a pas fini avec elle et on la retrouve dispersée dans d'autres cadres psychopathologiques en lien avec le développement de l'approche nouvelle des névroses, qui touchent aussi bien les hommes que les femmes. C'est dans ce déplacement que se situe tout l'intérêt du livre de Trillat qui part d'Hippocrate et du caractère insaisissable de l'hystérie, étudie son origine matérielle avec Galien et arrive enfin à la période "faste" de l'hystérie avec Charcot d'abord (et sa fameuse hystérie de conversion) puis Freud qui classa l'hystérie au sein des psychonévroses de transfert dont les mécanismes de défense sont utilisés pour faire face à l'angoisse engendrée par le conflit oedipien. Opposées en cela aux angoisses et à l'hypochondrie davantage liées à des insatisfactions sexuelles et aux psychonévroses narcissiques qui englobent le champ de la pathologie psychotique. L'hystérie - névrose et fantasme en lien avec des représentations sexuelles inavouables - ayant disparu des classifications - alors que les psychiatres en font encore le diagnostic - réapparaît dans le champ des maladies psychosomatiques sous la forme d'algies diffuses ou d'hypochondrie, de fatigues chroniques ou encore de dépression. Cette dernière apparaissant comme la résultante d'une problématique sexuelle hystérique refoulée. Même si l'efficacité de la prise en charge psychothérapique a fait disparaître aujourd'hui la catégorie de la “grande hystérie", ses symptômes tracent aujourd'hui le portrait d'une maladie invalidante dont le risque suicidaire comme résolution de la culpabilité, pourrait alors traduire une forme de conversion moderne... docteur Étienne Trillat, psychiatre des hôpitaux, est né en 1919. Elève de J. de Ajuriaguerra et d’Henri Ey, il a participé au grand mouvement de rénovation de la psychiatrie publique et aux controverses marquantes des années 50/70. Auteur de nombreux travaux axés sur la clinique et l’épistémologie, polémiste à ses heures, il a été pendant dix ans, à la suite d’Henri Ey, rédacteur en chef de la revue : l’évolution psychiatrique