A-t-on mesuré la valeur de cette formule d’Einstein : « Ma vie se partage entre les équations et la politique » ? Pourquoi ses nombreux biographes n’ont-ils pas voulu, ou osé, franchir le pas consistant à faire de lui autre chose qu’un pacifiste naïf ? Pourquoi a-t-il fait l’objet de poursuite de la part du FBI (un dossier de 1800 pages aujourd’hui déclassifié a pu être constitué contre lui) ? Pourquoi, avant d’émigrer aux États-Unis, s’est-il trouvé en butte à des accusations de déloyauté et de traîtrise ? Pourquoi Hoover, le patron tout-puissant du FBI, rêvait-il d’expulser l’encombrant citoyen américain qu’il avait déjà écarté du projet Manhattan ? Parce que… Einstein, en plein maccarthisme, a consacré sa vie à lutter pour la démocratie et les droits de tous les opprimés quels qu’ils soient, l’abolition de la politique de discrimination et du lynchage, oui, vous avez bien lu, du lynchage. C’était cela aussi l’Amérique de Hoover. Et la « chasse aux sorcières » qui s’en est suivi en rappelle d’autres… malheureusement. C’est un fait qu’Einstein a sacrifié les honneurs ou les responsabilités sur l’autel de sa conscience et au risque de son engagement. Soupçonné – à tort – de communisme, il a soutenu de nombreuses associations antiracistes et anti-fascistes facilement taxées de « rouges » par le FBI. Einstein a finalement payé très cher son idéal de justice. Ce livre, fruit d’une recherche historique passionnée et passionnante, brosse un tableau saisissant de la « personnalité du siècle » (Time 1999) et de son époque. Il est d’une brûlante actualité, comme tous les combats pour la dignité des êtres humains et spécialement de celui qui déclarait que l’intérêt pour l’homme et son destin doit toujours constituer le moteur de tout progrès technique.